Kitsou Dubois, pionnière de la danse en apesanteur, s'est tournée, dans un premier temps, par nécessité vers les neurosciences, pour mettre en place une méthodologie sur le mouvement dansé en Zéro Gravité. Elle a collaboré avec le laboratoire de physiologie neuro-sensorielle du CNRS dirigé par Alain Berthoz, en associant des sujets danseurs, à une étude dirigée par Thierry Pozzo, pour les comparer à des sujets non danseurs dans différentes situations de déséquilibre.
Elle a suivi du début à la fin cette expérimentation scientifique, jusqu’au dépouillement des données et la présentation des résultats au congrès de Biomécanique. Cet engagement dans le temps, lui a permis une mise à distance progressive. Elle a d’abord visualisé des mouvements qui évoluaient au gré des vitesses angulaires, avec des courbes de Gauss qui devenaient des environnements évolutifs. Petit-à-petit cette pensée scientifique est devenue inspiration. Elle entreprend alors une thèse en « Esthétique, science et technologie des arts » ou les langages poétiques, philosophiques, physiologiques, anatomiques et esthétiques se mélangent. Puis il s’en suivra alors différentes collaborations avec des sciences dures (comportement des solides-CEA Bordeaux- et des liquides- IMFT Toulouse-, Biodynamics Group- Imperial College Londres) puis des sciences informatiques et des sciences humaines. Elle va introduire la notion d’expérimentation dans son processus de création. Ses expérimentations, en apesanteur, dans l’eau, avec des capteurs, apportent la matière qui donne corps à un imaginaire sans poids pour aborder les créations au plateau.
Son objectif, c’est que les scientifiques s’intéressent à l’artistique en tant que source d’inspiration et non pas comme sujets d’observation, et vice et versa pour les artistes envers les scientifiques. Pour ce faire, Il faut un environnement propice ou les modes de fonctionnement des uns rencontres celui des autres. De même pour les sources de financement qui doivent s’équilibrer.
Ce qui a été le cas pour le projet de recherche sur le « Corps Infini », ou pendant 3 années, chercheurs, artistes, étudiants en arts et en sciences, ont participé à des plateaux expérimentaux, qui associent 2 laboratoires de l’université Paris 8, (CICM Musidanse et INREV), l’ENS Louis Lumière et l’Académie Fratellini. Ceci grâce au dispositif LABEX Art H2H de l’Université Paris 8, avec la MSH Paris Nord, la fondation Carasso, ArTeC et la bourse de recherche de la DGCA .